VILLES & VILLAGES DE CAMPAGNE : TROTTOIRS AU DEFI !

09/08/2016

Au coeur de la Normandie, à 4 km au Sud-ouest de Caen, la commune de Louvigny compte 2769 habitants en 2013. Le bourg ancien morcelé s’est développé par strates succesives d’urbanisation - depuis 1920 puis 1970 -, produisant ainsi des lotissements juxtaposés. Aujourd’hui, diverses formes urbaines et typologies architecturales composent son paysage communal.

La voiture : son garage, son allée

Dans de nombreux lotissements, les maisons comportent un garage couvert annexé au bâti et une allée.

Pensés pour accueillir 2 véhicules sur la propriété, ces lotissements s’articulent autour de rues équilibrées au partage modal réfléchi. Deux larges trottoirs revêtis en sablé sécurisent les trajets piétons tout en laissant une place confortable pour la circulation des voitures. Bref. Une cohabitation apaisée !

La commune se transforme, les modes de vie aussi

Ouverte en 2002 : une vaste surface commerciale de 2000 m² & sa galerie marchande. Sous l’emprise de l’Intermarché, le boulanger, le presse-tabac et la pharmacie du centre-bourg déménagent pour la galerie marchande construite ex-nihilo sur un terrain agricole, excentré du bourg. A pied, c’est alors plus loin.

Chez eux, les propriétaires entassent dans le garage : vélos, confitures, bouteilles, vieux ordinateurs : tout y est, et ça prend de la place ! Alors petit à petit l’« abri du véhicule de transport » devint une pièce à part entière.

Le garage, l’allée, la rue : de la propriété à l’espace public

On gare donc la voiture sur l’allée. Mr & Mme travaillent, les transports en commun ne sont pas encore assez performants, la culture du vélo en perd, celle du piéton aussi. De plus en plus mobiles, de moins en moins souples. Bref : non une, mais deux voitures. L’allée est trop petite et l’une se retrouve alors propulsée hors de la propriété !

Les rues confortables ne permettent pas un stationnement à double sens sur voirie. Alors on empiète sur le trottoir. L’équilibre modal prévu 30 ans plus tôt prend du plomb dans l’aile, remettant en cause la sécurité et la fonctionnalité même des cheminements piétons.

Trottoirs, un héritage à s’approprier

Comme partout, la collectivité doit faire des économies. Et l’entretien des trottoirs en sablé, ça coûte ! Faire des choix tout en préservant l’environnement : on stoppe l’entretien des trottoirs, plus de produits phytosanitaires, c’est à vous d’entretenir ! La collectivité, en se désengagement de leur entretien, aurait-elle fait le pari de l’intelligence individuelle et collective ?

Ô mon beau trottoir, dis-moi qui te (mal)traite ?

Les difficultés financières des collectivités ne les forcent ni au renoncement ni au désengagement de leurs responsabilités. Qu’elles soient en revanche l’obstacle qui crée le moyen, un levier pour parfaire l’équilibre du développement communal. Comment ? Réflexion et créativité pour une réponse frugale accessible, quitte à redéfinir son périmètre d’action.

Vers une réponse accessible : redéfinir le statut des rues

Les rues pourraient être hiérarchisées selon l’équilibre modal souhaité à l’avenir (voiture, vélo, piéton). Une typologie de rues liée à leur gestion et définie au regard d’usages plus larges - attractivité de la commune, jardinage collectif, etc. - pourrait alors être précisée.

Certaines rues n’auraient plus besoin d’axes piétons où un stationnement unilatéral pourrait être installé. D’autres devront au contraire renforcer des continuités piétonnes agréables et sécurisées vers les lieux de vies de la commune.

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Ce travail sous forme d’un Schéma d’usages de la rue, réalisé à l’échelle de la commune et partagé par ses habitants, constituerait un cadre commun pour la collectivité et ses citoyens, au sein duquel initiatives individuelles et collectives s’inscriraient intelligemment dans la gestion quotidenne des trottoirs. La collectivité garderait alors toute sa responsabilité d’assurer l’appropriation de la démarche par les citoyens dans une gestion respectueuse de l’environnement.